dimanche 29 septembre 2013

Jusqu'à ce que Dalí nous sépare


Le nom de Dalí évoque en moi plus qu’un souvenir: tout un pan de ma vie. Au cours d’un voyage en Floride (j’avais alors dans les neuf ans), mes parents, ma sœur et moi visitâmes une exposition Dalí – Dalí qui compte certainement parmi les artistes les plus présents sur la scène internationale. Dans la boutique du musée qui terminait le circuit, mon père offrit à ma mère un coffret de parfums et eaux de toilette au design inspiré par les œuvres du créateur catalan. Ces flacons orange, vert et rose pâle aux formes semi humaines dont un, très étrange, avec un nez pour capuchon et une bouche pour réservoir ont accompagné ma jeunesse puisqu’ils ornaient les rayonnages de la salle de bain familiale et que ma mère les remplissait au fur et à mesure d’autres fragrances.
Puis un beau jour mon père est parti, la maison a été vendue et les flacons Dalí débarrassés. Livré à moi-même, j’associe depuis l’art de Dalí à la faillite du couple de mes parents et au mystère conjugal en général.
En visitant hier l’expo Dalí au Centre Pompidou je percutai; en réalité le malaise couvait sous cette passion commune de mes parents pour les excentricités du marquis, eux qui ne pouvaient se rencontrer artistiquement que derrière cette peinture absurde et ces sculptures sans visage. Ma mère y voyait une caravane d’éléphants, mon père une expédition dans le désert.
Enfants de cette double illusion, ma sœur et moi avons appris à apprécier d’autres artistes moins populaires peut-être, mais le grand ordonnateur Dalí veille, et à chaque nouvelle apparition me rappelle la toute puissance de son charme.

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