dimanche 25 février 2018

J. Michael Long, Alien Contact: Outer Space, 2017.

« En 2012, pour le 35e anniversaire de la réception du signal “Wow”, des chercheurs de l'observatoire d'Arecibo ont préparé une réponse de l'humanité contenant 10 000 messages Twitter destinée à l'endroit d'où provenait le signal d'origine. Ils ont tout fait pour qu'une vie dotée d'intelligence puisse décoder les vidéos de personnalités et tweets en accompagnant chaque message d'une séquence en boucle afin que le destinataire sache que les messages lui sont bien destinés et proviennent d'une autre forme de vie. Le signal voyage vers la constellation du Sagittaire à la vitesse de la lumière. Espérons qu'il soit reçu par des extraterrestres bienveillants. »

Raffaël Enault, Dustan superstar. Biographie, Paris, Robert Laffont, 2018.

« Son [William Baranès] second texte pour [le deuxième numéro de Qui vive international. Le magazine de la langue française, publié en février 1986,] présente un intérêt biographique plus net. Il s'intitule « Orthographe et informatique : le complexe de l'accent plat ». Sorte de plaidoyer pour un langage simplifié, une novlangue « moderne » et robotique – qu'il adoptera dans certains de ses livres en tant que Guillaume Dustan à partir de 2001 –, cet article préfigure et théorie son combat futur contre les rigueurs de la langue française :
“L'ordinateur précipitera-t-il le français pour n'en laisser plus subsister qu'une “zazie-langue” allégée de ses cédilles, accents et autres appendices ? Affaire à suivre.
[...]
Or, au royaume des doubles consonnes, du pluriel des mots composés, et des s et t du pluriel qui produisent l'ambiguïté e/es/ent, l'ordinateur, bête de logique, ne s'y retrouve pas non plus. Remarquons au passage que la majeure part des complexités de l'orthographe non grammaticales nous est un legs du goût pour l'étymologie des imprimeurs-érudits des XVIe et XVIIe siècles, à qui nous devons de ne plus écrire en français, mais en grec et en latin – n'en prenons pour exemple que homme pour home, doigt pour doit, physique et autres rhéteurs. Tandis que le français les conservait, des langues telles que l'espagnol ou l'italien se sont débarrassées depuis des siècles de ces difficultés, au besoin par décrets royaux. Les supprimer, ce serait fournir à l'informatique une langue plus logique, appropriée à son traitement, et ne plus avoir besoin de recourir à de coûteux systèmes d'autocorrection, ou de tolérance aux fautes d'orthographe, comme cela sera nécessairement le cas si l'orthographe actuelle demeure.”
Assistant pour l'occasion au colloque « Orthographe et informatique » organisé à la Défense par le Carrefour international de la communication où « informaticiens, linguistes, historiens et chercheurs étaient conviés à se prononcer sur la nécessité de réformer l'orthographe à l'heure du passage de la “galaxie Gutenberg” à “l'ère informatique” », William se passionne pour ces problématiques alliant modernité informatique et contraintes historico-linguistiques. Il en rapporte même plusieurs propositions de réformes – lesquelles, en gros, devraient conduire à « débarrasser [la langue française] de tout ce qui dépasse, à savoir les signes diacritiques, accents, cédilles et trémas ». Il plaide en faveur d'une langue plus simple et plus libre consistant à écrire sans règle en français et surtout à renforcer l'apprentissage de l'anglais, langue, selon lui, plus universelle que la nôtre :
“[...] il est bien certain, en revanche, qu'une relative dékrispassion en la matièr ne feré pa de mal : la défense de la langue franssése ne doi pas rimé avec la défense de ses abérations. Un purisme excessif nous coute suremen non seulemen de l'argen ais des étudians étrangés rebutés par no dificultés alor que la nessessitée économique ou politique de conaitre notre langue é devenu bocou mouins essenssiele cue cèle de connaître l'anglé.” »