dimanche 29 septembre 2013

Graffitis au musée


La fondation Speerstra à Apples ouvre ses portes.

Peut-on encore parler de graffiti sans la surprise de son jaillissement, en plein sur un mur vierge, sur la rame d’un métro, entre aujourd’hui et la veille, sans l’imperfection de son support, sans son éphémère, sans son anonymat, sans son contexte illégal de production ? Le discours s’accommode de ces hésitations et parlera de post graffiti lorsque le graffiti épouse la toile. Le mot n’est pas nouveau, il s’en expose depuis les années 1970 et le concept fait même l’objet de commandes publiques. Mais à déambuler dans les vastes salles du musée, malgré l’aspect industriel de l’endroit, il m’a semblé qu’on niait la racine de cet art en substituant à son caractère intempestif le vide, l’artificiel et le sérieux d’une galerie. L’eïdos du graffiti est indécidable. Son geste libre, son impureté, son refus de communiquer (n’est-il pas illisible pour le non initié ?) accomplissent la négation du dogmatisme. En sortant du musée je me pris à concevoir une écriture en forme de tag, extrêmement stylisée, aux couleurs magenta et fleur de soufre, je pensai à celle des rappeurs, ces mots me revinrent en mémoire : "Certains étaient là pour exprimer un cri, d’autres comme moi juste par appétit."

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