mercredi 22 novembre 2017

Rabbi Ephraim Wachsman, Citi Field, New York, 20 mai 2012, in Heidi Ewing et Rachel Grady, One of Us, 2017.

"Les gens entrent dans un nouveau monde. Comme la mouche qui pénètre dans la toile d'une araignée. Il y a ceux qui sont pris au piège. Nous sommes là pour écouter l'appel des chefs spirituels de notre nation qui ont détecté et identifié les dangers de l'Internet. Cette chose qui menace notre existence et notre survie en tant que peuple de Dieu. J'ai vu de mes propres yeux des gens confier, à des enfants de 11 ans, des BlackBerry, des iPhone, des iPod. Ont-ils perdu la tête ? Chers juifs, chers frères, chères soeurs, qu'est-il en train de nous arriver ? Que sommes-nous en train de devenir ? La nation de la Torah va-t-elle être réduite à devenir un peuple de yentayachna.com ? On bat en retraite depuis des années. 'On ne peut rien faire pour arrêter ça.' On a battu en retraite. On ne peut plus battre en retraite. Ce soir, on dessine une ligne de démarcation dans le sable et à partir de maintenant, on va de l'avant."

mardi 21 novembre 2017

[Grimod de La Reynière], Almanach des Gourmands, Paris, Maradant, 1803, p. 200-203.

"Il ne nous appartient point de décerner la palme, même dans l'art de varier toutes les formes du cochon ; mais s'il falloit porter un jugement dans cette partie, nous serions bien tentés de la donner à M. Corps, charcutier, rue St.-Antoine, près celle Cloche-Perche, très - renommée chez les Gourmets pour toutes les marchandises qui sortent de sa fabrique. Ses saucisses sont croquantes, et d'un excellent sel ; ses boudins sont de la crême en boyau ; ses andouilles délicates, sans être trop grasses ; ses cervelas, soit au poivre, soit aux truffes, soit à l'ail, rivalisent avec ceux de Lyon ; son jambon a ce degré de sel qui est le secret des grands hommes de l'art ; ses pieds de cochon farcis aux truffes et aux pistaches, sont dignes de la table des Dieux : enfin, ses langues n'ont jamais dit que d'excellentes choses. Aussi la foule est-elle chez M. Corps, malgré son éloignement du centre de Paris ; et n'a pas, de ses articles, qui veut : car, malgré l'activité de cinq à six aides et de plusieurs commis, il ne peut suffire aux demandes verbales, ni à la correspondance.
[...]
Avant de traverser la rivière, voyons si nous n'avons rien oublié dans cette partie de Paris. Ah ! M. Brigault, restaurateur, rue Fromenteau, jouissoit de quelque réputation : allons voir s'il la mérite toujours. Mais, quoi ! Sa porte, ci-devant ouverte à tout le monde, et son hôtel, le passage le plus commode et le plus fréquenté de Paris, sont impitoyablement fermés. Fuyons ! Un restaurateur qui, mû par quelque motif que ce soit, fait une telle insulte au public, ne mérite plus que le public se rende chez lui. Puisse-t-il, puisqu'il ferme ainsi sa porte au nez des gens, n'être jamais troublé dans son égoïste solitude !"

Grant Blank, Critics, Ratings, and Society. The Sociology of Reviews, Lanham, Rowman & Littlefield, 2007, p. 43.

"There was a first restaurant, opened in Paris in 1766 by a man named Mathurin Roze de Chantioseau. The establishment was named after its primary product; an intense bouillon broth called a restaurant, or restorative. Restoratives were believed to be exceptionally easy to digest and particularly good for people with pulmonary problems. They were a popular fad among health-conscious Parisians at the time. The health focus explains the development of many key characteristics of restaurants: personalized service to treat individual maladies, menus that allowed patrons to make the choices to treat their personal problems, and wide hours of service since patrons in fragile health might need restorative at any time. Their original audience of consumptive men soon expanded to include women, who were believed by the health authorities of the time to be vulnerable to weak chests and digestive problems. Their wide hours of service and individual table service made them attractive to travelers. Other restaurants soon followed, and by the 1780s, they had evolved into something like their modern form; offering a menu of dishes at fixed prices, available at all hours, by waiters serving diners sitting at individual tables."

lundi 13 novembre 2017

N. Katherine Hayles, Lire et penser en milieux numériques. Attention, récits, technogenèse [2012], trad. Christophe Degoutin, Grenoble, ELLUG, 2016, p. 143-144.

"Un projet semblable est en cours à l'université Carnegie-Mellon, le programme Never-Ending Langage-Learning (NELL), dirigé par Tom M. Mitchell et son groupe d'étudiants de troisième cycle en informatique. Dans leur rapport technique, ils définissent un exercice de lecture, visant à « extraire des informations d'un texte du Web pour remplir une base de connaissances d'un nombre toujours croissant de faits et de connaissances structurés » et un exercice d'apprentissage, visant à « apprendre à lire chaque jour un peu mieux que la veille, comme en témoigne [la capacité du programme] à retourner aux textes sources de la veille et à en tirer plus d'informations et avec plus de précision. ». Le programme informatique consiste en quatre modules, au nombre desquels figurent un système d'apprentissage des règles [« Rule Learner »] et un algorithme d'apprentissage semi-supervisé [« Coupled Pattern Learner »] qui extrait des instances de catégories et de relations à partir de textes « dans la nature » (autrement dit, dans l'immense ensemble de textes présents sur le Web, sans contraintes ni limites). À partir de ces modules, le programme construit des « faits candidats » ; en se basant sur un degré de confiance élevé dans un module ou des degrés de confiance inférieurs dans plusieurs modules, il élève alors certains candidats au statut de « croyances ». Le programme fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et il est en outre itératif, fouillant constamment le Web à la recherche de textes et construisant des relations du type « X appartient à Y qui est un Z ». Les chercheurs avaient initialement classé la base de connaissances selon 123 catégories et 55 relations ; au bout de 67 jours, elle comportait 242 453 nouveaux faits avec une précision estimée à 74 %. Cette procédure présente un risque, parce que le programme teste la cohérence de nouveaux faits candidats à partir de faits qui figurent déjà dans la base de données. Si un fait incorrect parvient à y entrer, il tend à favoriser l'acceptation d'autres faits incorrects. Pour corriger cette tendance, les lecteurs humains vérifient le « système d'apprentissage des règles » et d'autres modules du programme, dix à quinze minutes tous les jours, pour corriger les erreurs que le programme ne corrige pas de lui-même. NELL n'est donc pas un système non supervisé mais un programme « semi-supervisé ». Une consultation récente du site Web a révélé ces différents « faits appris récemment » : « un organiste au ventre orange est un oiseau » et « le vastes médiales est un muscle ». Les erreurs du programme sont aussi révélatrices que les inférences correctes. La même consultation a fait apparaître quelques perles : « les infractions contre les biens est une sorte d'événement militaire », « les angleterres est un groupe ethnique » et ma préférée, « l'anglais est la langue du pays Japon ». Si l'on pense aux informations disponibles sur le Web à propos de l'anglais et du Japon, par exemple, la dernière inférence devient compréhensible, à défaut d'être exacte."