mardi 26 juin 2018

Baptiste Rappin, Au régal du Management. Le Banquet des simulacres suivi de Fragments de l'inhabitation managériale, Nice, Ovadia, 2017, p. 77-78.

« Docilité, adaptation, domestication, comportementalisme… le management développe une anthropologie qui réduit l’homme à l’animal ou à l’ordinateur : dans les deux cas, le naturalisme informationnel amoindrit la conscience, instance du jugement, pour favoriser la réaction immédiate à un stimulus. Machine informationnelle, le Dasein n’est plus le « là » de l’être et se meut dans un espace virtuel sans lieu. La cage de fer est aujourd’hui en silicium.
La cybernétique, science du mitan du XXe siècle, est le savoir du pilotage des organisations. Régime inédit d’une gouvernementalité informationnelle qui opère à partir d’une modélisation fonctionnelle du réel. Revanche des simulacres sur les formes, et naissance d’une tyrannie douce, à visage humain, fondée sur le contrôle et l’auto-contrôle.
Aussi ne faut-il pas hésiter à voir, dans ce mépris de la chair par le management et la gouvernance cybernétique, une forme actualisée de gnosticisme et de haine du monde. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire