jeudi 18 janvier 2018

Jarett Kobek, Je hais Internet [2016], trad. Jérôme Schmidt, Paris, Pauvert, 2018, p. 88-89.

« CHAQUE VIDÉO hébergée par YouTube était accompagnée d'une interface à travers laquelle les utilisateurs pouvaient commenter la vidéo en question. Ce système alimentait les débats entre utilisateurs de YouTube.
Typiquement, ces débats avaient pour sujet : 1) Si oui ou non la personne de la vidéo, bien souvent une gamine de treize ans, était une petite salope dégueulasse qui méritait de crever. 2) Si oui ou non le président Obama détruisait le pays et/ou suçait des bites en enfer. 3) Si oui ou non les autres utilisateurs commentant la vidéo étaient de pauvres cons. 4) Si oui ou non les Noirs étaient des Cø##@®. 5) Si oui ou non les hommes asiatiques avaient des petits pénis. 6) Comment les clandestins mexicains volaient les meilleurs emplois.
Afin de participer à ces débats, durant lesquels de petites gens s'attaquaient à d'autres petites gens, les utilisateurs de YouTube revenaient voir la vidéo plusieurs fois.
Chaque fois que les utilisateurs de YouTube revenaient voir la vidéo et renouvelaient leur intention de traiter une inconnue de petite salope dégueulasse qui méritait de crever, Google vendait de la publicité et engrangeait encore un peu plus d'argent.
Google gagnait de l'argent grâce à des débats se demandant si oui ou non le président Obama suçait des bites en enfer tandis qu'il détruisait l'Amérique. Le tout légèrement saupoudré de commentaires quant au fait que les Noirs étaient, ou non, des Cø##@®.
Tout allait bien. YouTube avait la même réputation que Twitter. C'était un outil pour activistes qui célébrait la liberté de parole et la liberté d'expression. Cela avait apporté le printemps au Moyen-Orient. »

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