Le nom de Dalí
évoque en moi plus qu’un souvenir: tout un pan de ma vie. Au cours d’un voyage
en Floride (j’avais alors dans les neuf ans), mes parents, ma sœur et moi
visitâmes une exposition Dalí – Dalí qui compte certainement parmi les artistes
les plus présents sur la scène internationale. Dans la boutique du musée qui
terminait le circuit, mon père offrit à ma mère un coffret de parfums et eaux
de toilette au design inspiré par les œuvres du créateur catalan. Ces flacons
orange, vert et rose pâle aux formes semi humaines dont un, très étrange, avec
un nez pour capuchon et une bouche pour réservoir ont accompagné ma jeunesse
puisqu’ils ornaient les rayonnages de la salle de bain familiale et que ma mère
les remplissait au fur et à mesure d’autres fragrances.
Puis un beau jour
mon père est parti, la maison a été vendue et les flacons Dalí débarrassés.
Livré à moi-même, j’associe depuis l’art de Dalí à la faillite du couple de mes
parents et au mystère conjugal en général.
En visitant hier l’expo
Dalí au Centre Pompidou je percutai; en réalité le malaise couvait sous cette
passion commune de mes parents pour les excentricités du marquis, eux qui ne
pouvaient se rencontrer artistiquement
que derrière cette peinture absurde et ces sculptures sans visage. Ma mère y
voyait une caravane d’éléphants, mon père une expédition dans le désert.
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