La fondation Speerstra à
Apples ouvre ses portes.
Peut-on encore parler de graffiti sans la surprise de son
jaillissement, en plein sur un mur vierge, sur la rame d’un métro, entre aujourd’hui
et la veille, sans l’imperfection de son support, sans son éphémère, sans son
anonymat, sans son contexte illégal de production ? Le discours s’accommode
de ces hésitations et parlera de post graffiti lorsque le graffiti épouse la
toile. Le mot n’est pas nouveau, il s’en expose depuis les années 1970 et le
concept fait même l’objet de commandes publiques. Mais à déambuler dans les
vastes salles du musée, malgré l’aspect industriel de l’endroit, il m’a semblé
qu’on niait la racine de cet art en substituant à son caractère intempestif le
vide, l’artificiel et le sérieux d’une galerie. L’eïdos du graffiti est indécidable. Son geste libre, son impureté,
son refus de communiquer (n’est-il pas illisible pour le non initié ?) accomplissent
la négation du dogmatisme. En sortant du musée je me pris à concevoir une
écriture en forme de tag, extrêmement stylisée, aux couleurs magenta et fleur
de soufre, je pensai à celle des rappeurs, ces mots me revinrent en
mémoire : "Certains étaient là pour exprimer un cri, d’autres comme
moi juste par appétit."
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