La galerie d’art kaminska
& stocker à Yverdon expose dix sculpteurs jusqu’à fin octobre.
Le vernissage battait son plein. Les invités slalomaient entre les
œuvres ou discutaient par petits groupes. Ils ne tarissaient pas d’éloges. L’espace,
nouvellement aménagé, mettait en valeur le travail des artistes. Certaines
pierres, disait-on, avaient des vertus thérapeutiques. Le serveur au buffet,
comme de coutume, paraissait absent.
Une première sculpture oscilla sur son socle sans que personne ne le
remarque. Il faisait déjà nuit à l’extérieur lorsque les ampoules grillèrent
les unes après les autres. On courut chercher des lampes torches. Dans le même
temps un rayonnement lumineux, vert fluorescent, semblait sortir, de
l’intérieur des yeux, d’un visage taillé dans le marbre. Des secousses de plus
en plus violentes ébranlaient les installations. Un cri strident, venu d’une
salle reculée, glaça le sang des plus téméraires.
Une sculpture en acier lévitait au-dessus d’un corps inerte. Ses soudures
se déplacèrent et formèrent une sorte de bouche sur le devant. D’autres
sculptures s’approchaient du corps tandis que celle en acier grinça des dents et ouvrit grand la bouche.
- Il est sourd ou quoi!
Le serveur émergea de sa somnolence et s’étonna de voir qu’une dame,
pas plus effrayante qu’un char à bois, tendait son verre vide et réclamait du
vin.