« Le modèle, la référence mythique, la seule forme
actuellement concevable d’une lointaine et infime espérance, ce sont les
couvents du haut Moyen Âge, où trouvèrent un abri, au milieu de la violence et
de la barbarie, et dans l’attente d’hypothétiques temps meilleurs, autant de
lambeaux de la civilisation antique qu’il était possible d’en sauver tant bien
que mal. Nos couvents à nous, laïques et culturels, ne pourront sans doute pas
être réels, car il n’y a plus d’isolement
possible sur le territoire entièrement quadrillé, commercialisé, banalisé,
aménagé, viabilisé, couvert, de la
banlieue universelle. En revanche, et sauf effondrement cataclysmique de ce
système-là, il ne tient qu’à nous que de tels sanctuaires soient virtuels, et jamais dans l’histoire de l’humanité
le virtuel n’a tenu entre ses lacs tant de réalité et de substance. Nous voyons
tous les jours Internet, géniale invention aux usages fourvoyés comme tant d’autres
avant elle, servir à la fois d’instrument et de vitrine à la grande
déculturation. Il ne tient qu’à nous, à ceux qui le désirent, qu’il soit aussi
– il l’est déjà un peu – le moyen d’un sauvetage, l’instrument d’une
préservation et le témoin d’une survie. »
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