"L’ingénieur et économiste écossais William Playfair
fut le premier à avoir l’idée, dès la fin du XVIIIe siècle, de présenter les
statistiques numériques non plus selon des listes ou des tableaux pénibles à
déchiffrer (c’est le cas de le dire), mais en usant d’un certain nombre de
procédés graphiques propres à rendre l’information directement intelligible.
Dans le Commercial and Political Atlas,
dont la première édition date de 1786, l’évolution de certaines quantités avec
le temps, ou la comparaison de différentes quantités, ne sont plus exposées
sous la forme de suites ou de colonnes de nombres, mais de courbes et d’histogrammes.
Dans le Statistical Breviary, publié
en 1801, apparaissent des disques dont les aires sont proportionnelles aux
quantités à exprimer, ainsi que les diagrammes circulaires (pie charts en anglais, ‘camemberts’ en
français). À l’époque, les innovations de Playfair rencontrèrent peu d’échos en
Grande-Bretagne et c’est d’abord sur le continent que ses ouvrages, très
rapidement traduits, firent école – malgré l’accueil pour le moins réservé de
nombre de statisticiens à ces méthodes graphiques qu’ils prenaient, à tort,
pour des fioritures inutiles ou des fantaisies nuisibles à l’expression des
informations. Jacques Peuchet, auteur en 1800 d’un Essai d’une statistique générale de la France, en jugeait ainsi: '[Playfair] a eu la prétention singulière de faire voir à l’œil les forces
respectives de chaque État, à l’aide de cercles, dont les rapports de diamètre
sont entre eux comme ces mêmes forces. Cette nouveauté ne peut rien ajouter à
la statistique; l’on a jamais vu que l’application inusitée des méthodes
d’une science à une autre en ait avancé les progrès. Ces tours de force peuvent
en imposer ou amuser les esprits qui aiment les formules symboliques, mais ne
peuvent que déplaire à ceux qui veulent une instruction solide et claire.'"
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