« Docilité, adaptation, domestication, comportementalisme… le
management développe une anthropologie qui réduit l’homme à l’animal ou à l’ordinateur :
dans les deux cas, le naturalisme informationnel amoindrit la conscience,
instance du jugement, pour favoriser la réaction immédiate à un stimulus.
Machine informationnelle, le Dasein n’est
plus le « là » de l’être et se meut dans un espace virtuel sans lieu.
La cage de fer est aujourd’hui en silicium.
La cybernétique, science du mitan du XXe siècle,
est le savoir du pilotage des organisations. Régime inédit d’une
gouvernementalité informationnelle qui opère à partir d’une modélisation fonctionnelle
du réel. Revanche des simulacres sur les formes, et naissance d’une tyrannie
douce, à visage humain, fondée sur le contrôle et l’auto-contrôle.
Aussi ne faut-il pas hésiter à voir, dans ce mépris de la
chair par le management et la gouvernance cybernétique, une forme actualisée de
gnosticisme et de haine du monde. »